• AU PAYS DU P'TIT

    AU PAYS DU P'TIT

    (Livre lue et commenter pour le prix Goncourt des Lycéens)

     

    "Après l’intervention de l’économiste, c’est vers moi que le modérateur se tourna : "Alors vous, Romain Ruyssen, dit-il en consultant consciencieusement ses notes, vous êtes français et sociologue. Votre dernier essai a pour titre Au pays du p’tit. Il est paru en France le mois dernier et, avec neuf autres ouvrages sélectionnés en prévision de ce salon, il a bénéficié d’une opération spéciale et sort aujourd’hui, quasi simultanément, dans sa traduction russe." Dans mon casque, l’interprète, qui avait elle aussi préparé ses notes pour la séance, avait prononcé p’tit avec une application désopilante. "Je cite l’une des phrases de votre introduction, poursuivit le modérateur en plongeant le nez dans la version traduite de mon livre : “Avec les Trente Glorieuses, le surmoi révolutionnaire des Français a progressivement cédé la place au Moi-Je pépère fonctionnaire.” Est-ce que cela signifie, Monsieur
    Ruyssen, qu’aujourd’hui vous considérez usurpée la réputation de nation insoumise de votre pays ?"
    "Je me demande surtout, répondis-je sur un ton folâtre, comment mon interprète vient de vous traduire des mots tels que “Trente Glorieuses” et “pépère” : la langue russe possède-t-elle vraiment un équivalent de ces notions très françaises ?"
    Je marquai une pause, attendant en vain la réaction de quelqu’un dans la salle. Au-delà de votre question, repris-je, c’est de l’esprit français contemporain tel que je le perçois que j’ai envie de vous parler. Et je peux le faire sans forcément me référer à mon livre, rien qu’à partir de quelques éléments que j’ai observés ici, dans cette salle, au cours de l’heure qui vient de s’écouler." (P. 18-19)

     

    Auteur: Nicolas Fargues
    Date de publication:
    20 aout 2015
    Éditions:
    P.O.L.
     
    Collection :
    Fiction

    Biographie de l'auteur:

    Nicolas Fargues est né en 1972. Enfance au Cameroun, au Liban puis en Corse. Études de lettres à la Sorbonne. Mémoire de DEA portant sur la vie et l’œuvre de l’écrivain égyptien Georges Henein. Deux ans de coopération en Indonésie, retour à Paris, petits boulots, publication en 2000 du Tour du propriétaire. De 2002 à 2006, dirige l’Alliance Française de Diégo-Suarez, à Madagascar. Il vit actuellement à Yaoundé.

     

    Résumé:
    Le héros et narrateur de ce roman a 44 ans et il enseigne la sociologie à l’université. Il vient de publier un essai violemment anti-français (La France… Ses Pfff, ses Chhht, ses Rhôlâlââ… Ses On va pas s’emmerder, ses Y’en a qui dorment, ses Ça va comme un lundi et ses Avec ceci… Les lunettes de ses Jacques François et les barbichettes de ses Cyril Lignac… L’odeur de pieds de ses piscines municipales et de pisse des toilettes de ses cafés… Ses cadenas d’amour, ses belles paroles et ses beaux salauds). Cela lui vaut d’être invité à l’étranger pour exposer ses thèses et lui donne l’occasion de mener à peu près tranquillement une carrière de Don Juan sur le presque retour. Car il est arrivé à cet âge, à ce moment, où certains, comme lui, se foutent de tout. Sauf, peut-être, des femmes et des voyages. Encore que… s’agissant des femmes, est-ce les aimer que de jouer avec leurs sentiments à des fi ns exclusivement prédatrices ? Quant aux voyages, si c’est par haine de son propre pays qu’il s’y livre…

     

    Avis :  3/5

    Un roman peu orthodoxe
    Romain Ruissen, voici le nom du héros de ce roman de Nicolas Fargue contant l'histoire d'un homme peu recommandable de notre époque. Cet homme de 44 ans vient d'écrire un livre polémique contre son pays et ses habitants, la France, bien qu'il voyage tellement qu'il se fait rare dans son pays natal ; il est invité dans différents pays pour exposer les thèses affichées dans son livre. 
    Cet homme a également un penchent pour la luxure, Romain Ruissen est un homme qui aime les femmes et qui ne s'en cache pas, il trompe ouvertement sa compagne, «  Caridad a signalé l'arrivée d'un message […], elle tendait l'écran de son téléphone dans ma direction. […] il s'agissait du rendez-vous que je venais de proposer pour le lendemain à la nouvelle employée du pressing […]».
    Il trompe Caridad au vu de tous mais aussi d'elle-même qui n'ose ou ne souhaite pas affirmer son désaccord envers les pratiques peu scrupuleuses de son amant. Elle subit, sans broncher, les agissements de son compagnon. Elle tente pas moment de le raisonner, sans grand résultat : « [...], elle a même eu la bonté de poser sa main sur ma joue : « détrompe toi, Romain, elle m'avait dit dans une tentative désespérée de sourire. Ce ne sont pas les femmes qui ne te laissent pas le choix. C'est toi qui ne sais pas te rendre indisponible » ». Et par bêtise ou générosité elle lui pardonne toutes ses erreurs : «  [...] Tant d'obstination à me pardonner devenait franchement décourageant »
    Il joue avec chaque femme qu'il rencontre, pour lui chaque rencontre est une nouvelle façon de se divertir, cet homme est calculateur et manipulateur. Il « ne regard[e] jamais à la dépense lorsqu' [il s'] engage dans une nouvelle aventure. Au contraire le sexe [lui] apparaiss[ent] comme le seul enjeu vraiment défendable de [son] existence, il requérait un certain confort »
    Le langage de l'auteur est parfois cynique, très cru, sans faux semblant pour cacher l'acte au vu du lecteur, comme si Nicolas Fargue, cherchait à choquer ou gêner la personne en face de lui. Dans cette histoire la principale conquête de Romain Ruissen n'est autre qu'une étudiante d'une vingtaine d'années , Janka Kucova.
    L'auteur montre à travers son personnage une connaissance très développée basée sur la sociologie et par moment sur la politique, ce qui donne à réfléchir longuement sur soi, le monde et la France. :« la fragilité des Américains, c'est qu'ils sont perfectionnés en tout. Comme un organisme trop sain, ils ont fini par désapprendre à composer avec les bactéries. Je rajoutai aussitôt : Les Français se comparent perpétuellement au Américains, mais sans se douter que la réciproque n'existe pas. »
    Comme dans son livre «
     La ligne de courtoisie » Nicolas Fargues
    dénonce les rapports qu'entretiennent les Français entre eux et fait ressentir une envie de s'enfuir à cause des manières de son pays natal. Cela donne une image peu attirante de la France ce qui est dommage car notre pays n'est quand même pas si terrible que ça et elle possède de nombreuses qualités cachées qu'il suffit seulement d'apprendre à découvrir et apprécier.
    Bien que cette lecture soit intéressante sur certains sujets, je n'en ai pas été réellement satisfaite, je n'ai pas accroché au style de l'auteur et encore moins au personnage principal qui présente une image décadente du Français et la chute du roman était d'une certaine façon prévisible. Il m'a été difficile de trouver mes marques lors de sa lecture, c'est donc une lecture que je ne trouve pas transcendante.

     

     

     

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